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Genre : Reportage

Thématiques :  Économie, agriculture - pêche 

Région : Martinique

Titre : Pas de miel. Chômage technique pour nos abeilles

Publication papier : mai 2011

 

PAS DE MIEL. Chômage technique pour nos abeilles DAUPHOUD-EDDOS Journaliste

PAS DE MIEL. Chômage technique pour nos abeilles

 

Pas ou très peu de miel, cette année. Les apiculteurs sont unanimes : « c'est la pire des saisons » . Le carême gras est passé par là...

 

Même ouvertes, les cuves d'Alex Maxime ne laissent rien couler. La plupart sont complètement vides. « Sur mes cinq maturateurs, il n'y en a que deux qui contiennent un tout petit peu de miel » , explique le propriétaire de la miellerie Saint Anges. « Moi, je n'ai récolté que 80 litres de miel, cette année, » témoigne Denis Joncart, apiculteur à Rivière-Salée.

Pour certains, la situation est plus alarmante. « Sur les Trois-Ilets, il y en a un qui a deux cent cinquante ruches et il n'a rien récolté. Rien du tout! » raconte Patrick William, président du syndicat des apiculteurs martiniquais. « C'est vraiment catastrophique » ajoute t-il.

Pour ces professionnels, 2011 est une année à marquer d'une pierre noire. Un constat dressé par tous, même ceux qui ont quarante années de métier. « C'est la pire année. On n'a jamais eu un temps comme ça, jamais autant d'eau » confirme Gaëtan Licyr, 73 ans. Ce doyen de la profession élève des abeilles au Vauclin. Elles aussi ont très peu produit cette saison. Non pas par fainéantise, mais à cause des conditions climatiques. « Jusqu'à la deuxième quinzaine de février, on a eu un vent froid, glacial, qui a tout paralysé » décrit Alex Maxime.

Après les ravages du vent, ceux de la pluie. « Les rares abeilles qui ont résisté au vent ont ensuite été gênées par l'eau. Les fleurs sont tombées et les abeilles n'ont pas pu les butiner. »

Certaines fleurs ont résisté, mais n'ont pas permis une bonne production de miel pour autant. « Regardez » demande Alex Maxime en pointant du doigt un petit arbre tropical. « Comme d'habitude, le campêche est sorti en février. Mais sa sève ne peut pas aller jusqu'au nectar de la fleur puisqu'elle doit nourrir les feuilles qui se trouvent avant ces fleurs. Tout ce que vous voyez de vert, là, d'habitude, ça ne l'est pas. En principe, le carême est sec et il n'y a pas de feuilles. Si les abeilles butinent et qu'il y a plus d'eau que de nectar, le peu de miel fabriqué fermente et n'est pas bon. »

 

Les prix devraient s'envoler

 

Le miel martiniquais devient une denrée précieuse. « Je peux en vendre à ceux qui viennent sur place mais pas grand-chose. La plupart de mes bouteilles sont vides. Il y a quelques années, je pouvais en vendre aux centres commerciaux, mais plus maintenant » regrette Alex Maxime. « Le peu de miel que tu as, c'est juste pour le mettre dans ton café » rigole Gaëtan Licyr, le doyen.

Versé dans un café ou un thé, le miel acheté sera sans doute plus cher, dans les semaines à venir. « Je n'aurai pas le choix, je vais être obligé d'augmenter le prix des bouteilles. De deux euros peut-être » calcule Alex Maxime.

À défaut de pouvoir agir sur le climat, les apiculteurs le font sur leur moral. « Fok ou ni courage épi passion pou fè métié ta là. Sé an bagay ki trè difficil mé nou la nou ka tchébé » assure Denis Joncart. Déterminés et passionnés, les apiculteurs se disent solidaires.

Tous espèrent que la saison prochaine sera meilleure.