Genre : Reportage     

 Thématiques :  Économie, agriculture - pêche 

Région : Martinique

Titre : Reprise flottante pour les marins pêcheurs

Publication papier : mai 2011

FORT-DE-FRANCE                             Reprise flottante pour les marins pêcheurs

Les intempéries ont perturbé l'activité pêche sur la capitale. Empêchés par les fortes pluies de ces derniers jours, les pêcheurs foyalais ont seulement repris le travail hier matin. Un redémarrage difficile...

Quelques daurades, chirurgiens, coulirous et autres poissons se battent en duel sur les étals du marché aux poissons « Man Zouzou » . Motivés et levés de bonne heure, les pêcheurs ont remonté leurs filets mais ont grappillé un maigre butin. Pourtant, « l'activité reprend » , rassure Daniel Sainte-Rose, responsable du marché.

Une reprise fortement attendue par les plus accoutumés. « J'ai l'habitude de trouver ce que j'aime ici. Mais ça fait deux semaines que je n'ai plus rien. Je suis même venue samedi mais il n'y avait personne. Là, je me rattrape » , s'enthousiasme Sylvestre, un client.

En raison du mauvais temps, la plupart des pêcheurs n'ont pas osé prendre la mer, ces derniers jours. Une minorité l'a fait à ses risques et périls. « J'ai un premier copain qui a essayé mais il a perdu son embarcation dans le canal Levassor. Un autre a voulu y entrer pour vendre sa pêche mais il n'a pas pu, il a dû repartir avec » , narre Serge Monrose.

Tronc d'arbres et objets en tout genre : quand il pleut abondamment, la rivière de Tivoli, qui se jette dans le canal Levassor, transporte toute sorte de détritus. Elle rend alors le canal dangereux voire impraticable à la navigation. Beaucoup de canots sont donc restés amarrés pendant six jours. Conséquence : « aucun chiffre d'affaire. La situation est vraiment difficile » , témoigne Marc Piston. Ce mercredi, il a capturé moins de 20 kg de poissons : pas de quoi renflouer sa caisse.

Plus autant de poissons qu'avant... L'avenir est sombre

Le boîtier noir dans lequel Brenda Bourt range ses recettes est presque vide, lui aussi. Ça fait 15 ans qu'elle revend du poisson sur ce marché. « Pendant la pluie, je suis venue quand même mais c'était très difficile. On n'arrivait pas à travailler : tout coulait et on était mouillé. J'étais découragée, » raconte-t-elle. La semaine dernière, elle a vendu moins de 20 kg de poissons, contre une cinquantaine habituellement.

Un peu plus dynamique aujourd'hui, Brenda s'inquiète encore du temps qu'il pourra faire ces prochains jours. L'inquiétude, les pêcheurs la partagent aussi, mais sur le long terme. « Ce mercredi matin, je reprends et je ne pêche que des petites dorades et des thazards. Même pas 30 kg! Ce n'est vraiment pas beaucoup et c'est de pire en pire » , déplore Serge Monrose. « Il n'y a plus autant de poissons qu'avant et le mauvais temps aggrave les choses » , ajoute Marius Castel.

Beau temps ou pas, l'avenir ne présente aucune éclaircie pour ce marin pêcheur. Capturés aux filets, aux nasses ou par un autre dispositif, dans les prochains jours, les poissons seront sûrement plus nombreux sur les étals.