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Région : Bretagne

Titre : Au cœur d'un camp de caravanes illégal à la Bellangerais

Publication papier : août 2011

 

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RENNES                                                                                     Au coeur d'un camp de caravanes illégal à la Bellangerais

 

 

Depuis trois semaines, des caravanes s'installent à la Bellangerais. Un campement amical mais tout à fait illégal. Une procédure d'expulsion est lancée. Visite et ambiance sur place. 

 

 

Une caravane, deux, puis trois... Et ainsi de suite jusqu'à 70. Et autant de voitures. Ce mois-ci, Quentin Jouneau a vu ces véhicules se garer en face de chez lui, sur le terrain de la coulée verte, à la Bellangerais : « Je les vois mais je n'y fais pas attention. Ils doivent être là pour profiter de l'été ». D'autres sont beaucoup plus attentifs. « On a reçu des plaintes des riverains et un habitant est venu me voir pour me signaler la présence des gens du voyage », relate Isabelle Pellerin, l'élue de permanence à la Ville. Entre locataires officiels et illégaux, pas de dialogue.

 

Caravanes et accueil luxueux

 

De prime abord, rencontrer les nouveaux venus peut être impressionnant. Surtout, ne pas prendre l'entrée de la Motte-Brûlon. De petits chiens qui ne font qu'un douzième de votre taille s'empressent de vous agresser. Après plusieurs minutes, leur propriétaire vous informe qu'« ils ne laissent pas passer mais ne mordent pas ». De l'autre côté, l'entrée du pont d'Armorique, la réception est bien différente. On vous appelle rapidement « cousine », on vous offre à boire et à manger.

Erronée l'image des vieilles roulottes insalubres ! Les caravanes sont dernier cri. Écrans plats, matelas rembourrés, douches multifonctions... L'aménagement est de qualité. À l'extérieur, les enfants nagent dans leur piscine gonflable, font du vélo et jouent au football. Des activités qui ne sont pas qu'estivales. « On est allé à l'école jusqu'à 12 ans. Et on connaît tout : on sait lire et compter », lancent fièrement Saly, 14 ans, et Champagne, 16 ans. « Elles n'ont pas besoin de plus parce que chez nous les femmes ne travaillent pas », juge Rocky, un père de famille.

 

Demande d'expulsion lancée

 

À la visiteuse, ces femmes offrent volontiers une chaise et une petite discussion. Sujet de prédilection : Dieu. « Nous sommes évangélistes et notre vie tourne autour de notre religion », décrit Jessy, 28 ans, mère de deux garçons de 9 et 4 ans. « On aime notre vie. On est tous né dans une caravane. On déprimerait si on était dans une maison. On est bien ici. »

Pourquoi cette installation illégale « ici », à la coulée verte, alors qu'il existe plusieurs terrains dédiés à cet effet ? « On est venu parce que ma nièce est à l'hôpital. Chez les Tziganes, c'est comme ça ! La famille, c'est le plus important », affirme Ginette Rieffel, 66 ans.

Un cas d'urgence que les élus comprennent mais ne peuvent tolérer. « À Rennes, les terrains réservés aux gens du voyage sont complets. Quand ils sont arrivés à six caravanes, on a tout de suite négocié avec eux pour leur proposer un autre terrain sur lequel ils devaient emménager dimanche dernier. Mais entre-temps, la malade a fait un AVC et tout le reste de la famille les a rejoints sur le premier terrain », raconte Jean-François Restoin, coordinateur du schéma départemental d'accueil des gens du voyage.

« En constatant que les caravanes ne s'étaient pas déplacées et qu'en plus elles étaient beaucoup plus nombreuses, lundi, la Ville a lancé une demande d'expulsion », informe Isabelle Pellerin. Une procédure radicale mais qui, en général, se règle à l'amiable. « Une fois l'huissier passé pour constater la situation, les voyageurs partent d'eux-mêmes. Il n'y a encore jamais eu d'intervention des forces de l'ordre, ni de gros conflit », rassure Jean-François Restoin. D'autant que l'état de la convalescente s'améliore. Progressivement, ce week-end, Quentin Jouneau devrait donc voir ses nouveaux voisins déménager.

 

                                                                                               L'accueil des gens du voyage à Rennes est soumis à des règles

 

 

« Je suis de partout », explique Ginette Rieffel, une Tzigane de 66 ans. Elle fait partie des gens du voyage. Des sans domiciles fixes, qui ont une boîte postale et vivent dans des caravanes. Le schéma départemental d'accueil des gens du voyage prévoit leur réception dans les meilleures conditions : possibilité de scolariser les enfants, de travailler et d'avoir accès aux soins. En fonction de la taille des communes, des terrains avec eau, électricité et sanitaires sont mis à leur disposition.

 

« À Rennes, on est bien. Pas comme ailleurs où des fois on nous met dans la gadoue ou près des poubelles. » Le petit Champeaux, ouvert cet été, et le Gros Malhon, réhabilité il y a deux ans, proposent 128 places. « Nous disposons aussi de trois terrains soupapes pour accueillir des voyageurs en plus grand nombre : à la Pré Namet, aux Mines et à Calemdrou », indique Jean-François Restoin, coordinateur du schéma départemental d'accueil des gens du voyage, en Ille-et-Vilaine.

 

En période de surplus de voyageurs, ces derniers peuvent négocier des terrains avec le coordinateur. Mais toute installation sur des emplacements qui ne sont pas prévus à cet effet, est illégale. « La Ville est très claire sur ce point. Les campements illicites posent des problèmes de sécurité et de nuisances », insiste Isabelle Pellerin, l'élue de permanence. Au civil, une procédure d'expulsion est possible. Au pénal, le propriétaire de la caravane risque 3 700 € d'amende et un an de prison. Pour ces stationnements spontanés, Rennes Métropole peut encaisser un forfait de 20 € par semaine et par caravane pour l'utilisation de l'eau, de l'électricité et l'enlèvement des ordures ménagères. Sur l'ensemble de la région Bretagne, le prix est le même.