Capture site ouest france

Genre : 

Thématiques :  

Région : Bretagne

Titre : Pour les SDF, c'était comment en juillet et août ?

Publication papier : août 2011 

 

Img 5284

RENNES                                                                                              Pour les SDF, c'était comment en juillet et août ??

 

« En juillet et août, on a compté 150 nouvelles personnes. On a vu 829 passages en juillet, plus en août », compte Steeve Weiss, éducateur au Puzzle. Un lieu d'accueil de jour pour les personnes en errance. « Cet été est difficile, on manque de place », déplore Rocchia Typhen, éducatrice spécialisée à SEA 35 (Sauvegarde de l'enfance à l'adulte). Cette association mène des actions médico-sociales au profit d'enfants et adultes en difficulté. « Avant, on avait surtout des hommes isolés. Aujourd'hui, nous avons aussi des femmes, avec enfants aussi parfois, ainsi que des familles. Pas que des Français, des gens de l'Est aussi. Cette année, on a été surpris de voir des familles espagnoles sans argent : elles pensaient trouver un eldorado mais elles se retrouvent à la rue », analyse Dominique Pirot, directeur du pôle précarité, insertion.

 

Sans abris voyageurs ou sédentaires, ont-ils prêté attention à certains événements de l'été ? À part la baisse d'activité, pas vraiment. À sa façon, Sergio, SDF emblématique de la place Sainte-Anne, a été attentif. « Je les ai vus avec leurs petits sacs de soldes », raconte-t-il.

 

 

Des accueils moins nombreux

 

Autre changement dans leurs habitudes : les nouveaux horaires des lieux d'accueil, voire leur fermeture (lire ci-dessus). « Les Restos du coeur sont fermés. La Croix Rouge, l'hiver, c'est ouvert tous les jours mais là, seulement le mardi, jeudi et dimanche. Au Puzzle, l'hiver, c'est toute la journée mais l'été seulement l'après-midi. Et c'est fermé le lundi ! », résume, désappointé, Sébastien, 42 ans. Ayant des problèmes d'alcoolisme, séparé de sa femme, sans nouvelle de ses deux enfants, pour lui, le temps des vacances en famille est bien révolu. « L'été, ça ne se passe pas spécialement mieux pour les SDF, au contraire. C'est une période où certains sont nostalgiques : la plupart ont une famille avec laquelle ils partaient en vacances avant de se retrouver à la rue », témoigne Anne Robin, infirmière.

 

Avec l'équinoxe de septembre, l'été s'achève bientôt. Et ce n'est pas pour leur déplaire. Entre une température plus agréable et un accueil plus chaleureux : ils ont fait leur choix.

 

 

 

Dans la rue, le combat d'Aurore, 23 ans?

 

 

Depuis quelques jours, Aurore peint les murs de plusieurs immeubles. Un emploi proposé par une agence d'intérim, après huit mois d'inactivité. « Dès qu'il y a du travail, je le prends. » Un salaire de quelques jours, ça ne permet pas d'avoir un toit mais ça évite de demander l'aumône. « Oui, si je peux éviter de faire la manche, je le fais. Je n'aime pas trop ça. Les gens donnent parce qu'ils ont pitié. »

 

Passer la nuit dehors, sur le sol, ou chez des amis : à 23 ans, c'est son quotidien. « Mon père est décédé et ma mère m'a mise à la rue à mes 18 ans. Quand ma famille a appris que j'étais SDF, elle n'a plus voulu me parler. » Tourment et abattement mais pas de découragement. La jeune fille se console auprès de son compagnon, SDF lui aussi, et poursuit ses études. En 2009, elle obtient son BEP peinture avec mention très bien.

 

Objectif : pouvoir payer un logement

 

Malgré ses « galères », elle reste courageuse et les passants la trouvent sympathique. « Avec elle, ils sont généreux parce qu'elle est jeune et gentille », indique Catherine, une vendeuse de pâtisserie, qui l'observe depuis son stand. Le sourire, elle le garde grâce aux personnes qui lui viennent en aide : « Des associations, des anciens SDF ou des gens avec qui je suis allée en classe. Ils me laissent dormir chez eux. J'ai un petit frère, aussi. On s'entend bien mais je ne veux pas lui demander d'argent. Il essaie de s'en sortir : il travaille et vit dans un studio avec sa copine qui est enceinte. »

 

Prochainement, Aurore espère signer pour un CDI ou un long CDD : passeport pour quitter « l'univers dangereux de la rue » et nouvelle clé pour un appartement avec son compagnon.