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Genre : Reportage

Thématiques :  Économie, agriculture - pêche 

Région : Martinique

Titre : « Sous-estimées », elles soignent nos enfants

Publication papier : mai 2011

 

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Le FRANÇOIS                                                                             « Sous-estimées », elles soignent nos enfants

 

Hier, profitant de la journée mondiale, les infirmières scolaires se sont rassemblées au François...?

 

JOURNÉE MONDIALE DES INFIRMIÈRES. Pour des petits ou gros bobos, chaque jour, enfants et adolescents se déplacent dans le bureau de Guylène Marie Anaïs. « Ça peut être pour un mal de tête ou des problèmes à la maison. » Depuis dix-sept ans, elle examine et écoute les élèves du Vauclin. Elle fait partie des soixante-dix infirmières scolaires de l'île. Des professionnelles de la santé qui effectuent un travail primordial mais dévalorisé. « On est indispensable : quand on s'en va, c'est la catastrophe. Pourtant, on est toujours sous-estimées » , remarque Dominique Castel, en exercice depuis huit ans, affectée au collège Auguste Perrinon.

Comme chaque infirmière de collège, elle passe une partie de son temps dans les écoles primaires de son secteur. « C'est moitié-moitié » , schématise t-elle. Le partage n'est pas toujours évident. « La frustration est là. On est sur plusieurs écoles et un collège. Après avoir discuté avec un collégien, par exemple, on ne peut pas lui dire revient me voir demain parce qu'on ne sera plus dans l'établissement » , confie Guylène Marie Anaïs. « Et pourtant, on entend : oh, l'infirmière de l'école, elle n'est jamais là » , renchérit Dominique Bayer, qui est affectée au secteur du Saint-Esprit depuis trois ans. « Si, on est là, mais un peu partout » , justifie t-elle.

 

Bonifier notre image

 

Moins dispersées, les infirmières de lycée ne couvrent qu'un seul établissement. Mais pour les premières comme pour les secondes, la tâche est tout aussi délicate. « On est confronté à un dilemme : il faut garder la confiance du jeune mais parfois, il faut aussi avertir les parents ou d'autres responsables. » En définitive, les infirmières assurent aussi un suivi psychologique. « Ils nous interrogent sur les rapports garçons - filles. Certaines se trouvent trop maigres, pas aussi jolies que leurs camarades... Certains ont des soucis à la maison, des problèmes de drogue » , raconte telle. « Notre bureau, c'est un exutoire ? » , résume Dominique Bayer.

Afin de mieux faire connaître leur travail, toutes ces spécialistes se sont réunies au François, hier, jeudi, à l'occasion de la journée internationale de l'infirmière. Une deuxième édition chapotée par Dominique Brieu, infirmière conseillère technique au rectorat : « À travers les chefs d'établissements, le but est d'informer la communauté scolaire de l'importance de notre travail et des travaux réalisés par les infirmiers comme par exemple des courts métrages sur la réduction des risques sexuels. »

Les infirmières scolaires envisagent une troisième édition l'an prochain. D'ici là, elles espèrent que leur image se sera bonifiée auprès du grand public et surtout des parents.

 

 

Les adultes aussi ont leur infirmière scolaire

 

Les étudiants, eux aussi, ont une infirmière scolaire. C'est une infirmière du rectorat mise à la disposition de l'Université. Elle se trouve au sein du SUMPPS (Service Universitaire Médical de Prévention et de Promotion de la Santé). À l'Université des Antilles et de la Guyane, il s'agit de Laurence Delplace. Une professionnelle que les étudiants en licence sont obligés de rencontrer, depuis mars 2010. « Contrôle des vaccins, dépistages... Il s'agit d'identifier tous les problèmes que l'étudiant pourrait avoir » , précise t-elle. Ses principales missions sont la prévention et la protection médicale de tous les étudiants et l'intégration de ceux qui sont porteurs d'un handicap.

 

 

Des infirmières spéciales

 

La Martinique est assez bien pourvue en infirmière scolaire, selon Dominique Brieu, infirmière conseillère technique au rectorat. « Il y en a soixante-dix réparties dans tous les collèges et lycées. Il n'y a pas d'établissement sans infirmière » , assure t-elle. Cette soixante dizaine constitue un microcosme au sein de la profession. « Notre métier est très spécifique. On se différencie des autres infirmières parce qu'on fait à la fois partie des domaines médical et scolaire » , précise Dominique Castel, infirmière au collège Auguste Perrinon. Autre particularité : au contraire de leurs collèges, ces professionnelles sont habilitées à délivrer certains médicaments comme la pilule du lendemain, par exemple. « Bientôt, nous pourrons renouveler la contraception sur six mois » , indique Dominique Castel.

Ces professionnelles ont suivi un parcours plus long que celui de leurs consoeurs. Après le diplôme d'état d'infirmier (BAC +3), elles ont subi un concours, puis effectué une année de stage au sein d'un établissement scolaire. Elles remplissent une mission actée par le ministère de l'éducation nationale : promouvoir et mettre en oeuvre la politique de santé en faveur de tous les élèves scolarisés : prévention, actions sanitaires de portée générale, hygiène et sécurité, bilans obligatoires, soins. Tout cela, sous l'autorité du chef d'établissement.